Walla

Walla : Walla est un terme de l’industrie du cinéma américain désignant un bruitage ou une ambiance de personnes en train de discuter sans qu’aucun mot ni émotion ne soit perceptible ou intelligible. Les bruitages walla sont souvent réalisés en post-production par un groupe d’acteurs appelé walla group.
L’origine de l’étrange nom de ce type de bruitages remonte aux premières utilisations radiophoniques où l’on a découvert que lorsque plusieurs personnes répétaient inlassablement le mot « walla » cela suffisait pour créer l’illusion d’une discussion entre plusieurs personnes. Le principe demeure encore aujourd’hui même si la technique a considérablement évoluée.
Reflet des particularités linguistiques propres à chaque langue, le terme walla trouve des équivalences dans le monde entier : rhubarb en Grande-Bretagne, rhabarber en Allemagne ou encore rabarber pour les néerlandophones.

Exemple d’une ambiance réalisée avec un walla (merci à Sound Fishing Bruitages)

Bruitages walla

Les instruments bruiteurs 5

Les sifflets d’escargot :escargot.jpg

Il est possible de fabriquer des sifflets sommaires avec un grand nombre de matériaux de base différents. Voici deux exemples :

Les sifflets de cupules de gland. En tenir une bien serrée entre l’index et le majeur, poing fermé, la partie convexe vers le bas. Souffler entre les doigts, assez fort, pour obtenir un son suraigü et puissant.

Les sifflets d’escargot. Ils utilisent le principe de la flûte de pan: pour l’escargot, creuser un petit trou (diamètre 2 mm, avec un couteau ou en frottant sur une pierre) sur sa surface la plus large. Boucher l’orifice principal avec le pouce, souffler dans le trou que vous venez de creuser.

Le rôle des bruitages

A quoi servent les bruitages et autres éléments sonores d’un film ?
Sven E Carlsson* propose de distinguer deux principales fonctions des bruitages : créer l’illusion et servir la narration. Il présente ainsi une variante au modèle proposé par Marvin Kerner** pour qui les bruitages permettent de créer l’illusion et d’influencer le ressenti (mood).

bruitage bang  1) Créer l’illusion :

L’une des toutes premières fonctions des bruitages est de redonner vie à des images plates et mouvantes. Le principe à l’action est : je le vois, je l’entends donc j’y crois. L’exemple qui est souvent cité est celui de la bouteille factice qui est utilisée pour assommer les cowboys dans les bagarres de saloon ; elle ne produit aucun son lors du tournage mais devient bien réelle une fois que le bruitage qui convient a été ajouté en post-production. Les bruitages apportent donc de la matière, de la texture aux objets du film que nous ne pouvons pas toucher. Ils contribuent également à simuler la réalité en renforçant le sens de l’espace, en offrant aux images la 3e dimension qu’il leur manque. Ils permettent aussi de donner l’illusion d’une continuité temporelle entre des scènes tournées à différents moments, notamment par la continuité des ambiances et dialogues. Enfin, les bruitages permettent de créer l’illusion d’environnements ou d’espaces hors-champ. Imaginons une scène avec un couple au restaurant ; les différents plans serrés sur les acteurs ne dévoilent rien du décor environnant ; l’ajout d’une ambiance sonore de restaurant avec de nombreux clients en train de discuter (walla) suffira à créer l’illusion que le restaurant est plein alors qu’aucun figurant n’a participé au tournage. Je l’entends donc j’y crois !

bruitages star wars   2) Servir la narration :

Au-delà de leur inscription et enracinement dans l’univers d’un film (diégésis), les bruitages et autres éléments sonores peuvent rivaliser voire supplanter l’image dans sa fonction narrative. Ils peuvent ainsi faire avancer l’histoire, raconter quelque chose que les images ne montrent pas. W. Whittington*** présente un exemple simple : dans le premier épisode de Star Wars (1977), Lucas propose un plan fixe sur un couloir de vaisseau spatial désespérément vide pendant quelques secondes mais vide de toute action seulement à l’image ; le son nous annonce en revanche que des hommes livrent combat et s’approchent progressivement pour finalement entrer dans le cadre. Dans cet exemple une partie de l’action nous est racontée par le son avant même d’apparaître à l’écran. L’utilisation du son comme un élément de narration est relativement récente, fin des années 60, début 70. Whittington attribue ce changement par rapport aux habitudes de production hollywoodienne de l’époque à des réalisateurs comme Kubrick, Lucas, Coppola, eux-mêmes influencés par les films de science-fiction de la Nouvelle Vague française (Fareinheit 451 (1966) ; Alphaville (1965) ; La Jetée (1961)). Alfred Hitchcock demeure aussi à ses yeux un précurseur, particulièrement attentif aux bruitages (et aux silences) de ses films et à la façon de les utiliser pour renforcer la narration.
Selon Carlsson, les bruitages et plus généralement le son servent donc la narration à différents niveaux. En dirigeant l’attention des spectateurs sur ce qui se passe à l’écran ou hors-écran (ex. de Star Wars). La narration profite également du son sur le plan émotionnel. La musique comme les bruitages contribuent à créer une atmosphère qui nous informe sur le bon ton, l’humeur ou l’émotion à adopter. Ce point, assez proche de la fonction Mood proposée par Kerner, sera développé plus loin. Enfin le son sert la narration en devenant un code significatif, sémantique. Un bruitage peut ainsi incarner un code conventionnel, une sorte de cliché, un son d’Epinal : les cloches de la mort, un vent fantomatique annoncent souvent un tournant dramatique dans la narration. Le son peut aussi fonctionner comme un code propre à un film, une sorte de motif sonore annonçant toujours plus ou moins la même chose. Whittington cite par exemple pour 2001, L’odysée de l’espace (1968) la juxtaposition systématique (à 3 reprises) de l’image du monolithe et du Requiem pour Soprano de György Ligeti pour annoncer un nouveau changement, une nouvelle évolution de l’espèce humaine. De la même manière, le son peut devenir un code propre à l’oeuvre complète d’un réalisateur. Le silence a par exemple acquis une signification particulière au cours de la filmographie de Hitchcock jusqu’à devenir un code extrêmement puissant.

bruitages d’horreur    3) Influencer le ressenti :

Une autre fonction du son est d’informer sur l’atmosphère et sur les émotions des personnages du film mais aussi des spectateurs. Imaginez une scène où un homme est seul, la nuit, assis devant un feu de camp. Tout est calme, la chaleur du feu parvient jusqu’à vous notamment à travers les bruitages de crépitement. L’homme sort son harmonica et entonne un refrain nostalgique. La scène chaleureuse évoque maintenant davantage la solitude. Ajoutez à présent un cri de chouette dans la nuit si noire qu’elle demeure invisible. Huum, ça sent le roussi. L’ambiance se charge tout à coup de quelque chose de plus lourd. Saupoudrez enfin le tout avec un coup de feu, hors champ (et pas en direction de la chouette ! 🙂 ), afin d’informer le spectateur de la présence d’une autre personne et faire naître chez lui la question cruciale et angoissante : un ami ou un ennemi ?
Au cours de cette courte scène, les bruitages et la musique nous renseignent sur quantité de données émotionnelles, campant un décor affectif, une atmosphère pour l’image et invitant le spectateur à partager successivement la chaleur reposante du feu puis l’hostilité anxiogène d’un environnement sombre où pourraient errer des êtres mal-intentionnés. La musique jouée par l’homme nous informe également sur son propre état intérieur, nous fait partager son intimité tout en invitant là aussi le spectateur à le suivre pour quelques mélopées et rêveries nostalgiques. L’atmosphère aurait été toute autre s’il avait entonné un hymne national, non ?
W. Whittington souligne l’importance des films d’horreur dans le développement de la fonction émotionnelle des sons, notamment des bruitages. Les films gores ou d’épouvantes ont contribué à développer un culte de l’excès sonore à travers des ambiances travaillées et fortement chargées émotionnellement mais aussi à travers des bruitages plus dégoulinants que dégoulinants. Pour cet auteur, Ridley Scott avec Alien (1979) aurait ouvert une passerelle entre l’univers fermé des films d’horreur et celui de la science fiction en abordant la production sonore de son film avec la richesse des productions sonores d’horreur (notamment par l’anthropomorphisation = humanisation de nombreux bruitages et ambiances). Les bruitages, à l’instar de la musique, renferment donc un fort pouvoir évocateur capable de susciter une très large gamme d’émotions.

L’exemple de la scène du feu de camp illustre à lui seul la perméabilité des fonctions du son dans le cinéma, l’absence de frontières floues entre ces catégories et même entre les différents modèles théoriques proposés puisque les fonctions narrative et « émotionnelle » des sons se confondent sur de multiples points, la perspective narrative semblant toutefois porter un champ plus large. Un même bruitage peut donc servir plusieurs fonctions simultanément. Ces fonctions font des bruitages bien plus que de simples outils servant l’image, ils deviennent des éléments artistiques et de créativité.

* Sven E Carlsson est enseignant dans les médias en Suède. Il contribue à filmsound.org
** Kerner, Marvin M : The Art of the Sound Effects Editor (1989)
*** Whittington, William : Sound Design and Science Fiction (2007)

Les instruments bruiteurs 4

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Les sifflets d’herbe, le sifflet de lierre, le bruiteur de lierre:

Les sifflets d’herbe

Choisissez des limbes de graminées, pas trop rigides sinon le son ne sortira pas, pas trop tendres sinon la feuille cassera avant de sonner.

Une méthode consiste tout simplement à tenir l’herbe horizontale, entre les pouces et les index de chaque main. Laissez libre entre 1 et 2 centimètres de longueur d’herbe, tendez la un peu mais pas trop pour ne pas qu’elle se brise. Placez l’herbe entre les lèvres et soufflez.

Il est très facile de moduler, tout simplement en tendant plus ou moins l’herbe, en rapprochant plus ou moins les doigts. Avec un peu d’habitude, vous réussirez à faire quelques jolis bruitages.

Le sifflet de lierre

Ca marche avec tout, mais le top du top en terme de performance de bruitage, c’est la feuille de lierre. Elle est à la fois épaisse et solide. Son épaisseur lui donne du poids et permet donc de produire facilement des notes beaucoup plus graves que les herbes, sa solidité lui permet de produire des notes aigües.

Choisissez une feuille de grande taille si possible, présentant un rebord rectiligne sur au moins 3 cm .  Pour sortir le son, appliquez la méthode « herbe horizontale entre les doigts » décrite ci-dessus. Dès que vous avez le son, entraînez-vous à moduler en tirant plus ou moins fort, vous verrez que vous arriverez rapidement à maîtriser la bonne traction pour produire les sons de votre choix.

Le bruiteur de lierre

Variante du sifflet de lierre : pliez la feuille en deux, côté brillant à l’intérieur, en suivant la nervure centrale. Appuyez bien la pliure pour que la feuille reste naturellement pliée. Repérer comme précédemment une section à peu près droite de votre bordure, saisissez la entre le pouce et l’index des deux mains à une distance d’environ 3 cm. Soufflez sur cette bordure, les lèvre l’effleurant. L’air va s’engouffrer entre les deux membranes et produire très facilement un son qui peut être très puissant, genre « coq enroué ».

Jack Foley, pionnier du bruitage

Jack Foley (1891-1967) est certainement l’un des bruiteurs les plus connus principalement parce que son nom désigne depuis les années 50, chez les anglo-saxons, les bruitages réalisés en post-production.

Pour la petite histoire, Jack Foley travaillait pour Universal notamment en tant que responsable de la réalisation des bruitages du film Smuggler’s Island. Différentes scènes de ce film faisaient appel à des sons de barques (les acteurs devant traverser un lac à plusieurs reprises). Jack Foley, dans le but de gagner du temps sur l’édition des sons, décida de jouer ces scènes en studio et d’enregistrer « one shot » les bruitages directement synchronisés avec les images qui étaient projetées sur un écran. Le résultat est apparu si efficace que la technique a rapidement été associée à son nom.

Robert Mott précise toutefois que Jack Foley n’a pas inventé la technique de réalisation des bruitages synchronisés, son nom lui a simplement été associé. Avant cela la technique existait déjà, on désignait par effets synchronisés les bruitages qui avaient besoin d’être ajoutés à un film. Chez Paramount Pictures, par exemple, le terme employé pour ces bruitages était make and sync.

Il a néanmoins travaillé en tant que Foley Artist (bruiteur) sur de nombreux films parmi lesquels Spartacus (1960), Dracula (1931), Show Boat (1929), The Phantom of the Opera (1925) ce qui lui a valu différents Awards.

Jack Foley pionnier du bruitage

Jack Foley

Les instruments bruiteurs 3

Les appeaux de frêne, ou « pipoirs »:

instrument à bruitage : le pipoir

Instrument qui sert à piper, à contrefaire le cri de la chouette.

Pour le fabriquer, couper une branche de Frêne de faible section (1 cm ou un peu moins) et d’une dizaine de centimètres de long. La fendre sur 5 cm et introduire bien au fond de cette fente une feuille de lierre pliée en deux. La feuille de lierre doit être suffisamment grande pour dépasser le bois de tous côtés. Couper au couteau tout ce qui dépasse (pour cette manipulation, serrez bien le bois pour éviter que la feuille se déplace pendant l’opération).

Appliquer l’extrémité fendue contre les lèvres et souffler sans serrer le bois. On peut aussi souffler sur le coté de la fente, et pincer plus ou moins fort le bois pour moduler le bruitage. Lorsque vous serez virtuose de la modulation, vous pourrez imiter les chants de certains oiseaux (et en particulier de la femelle de chouette hulotte, le fameux « kiwitt »), transformant ainsi votre simple sifflet en appeau.

Les instruments bruiteurs 2

Les Pétoires :

instrument à bruitage : le pétoir

Les pétoires sont de petites percussions qui utilisent le principe de la pression de l’air sur une membrane pour produire un bruit d’explosion.

La méthode simple est de disposer une jeune feuille de lierre (encore molle) sur le rond constitué par la main refermée, le bout du pouce et de l’index se touchant. Donner un violent coup de paume à plat sur la feuille. Si le contact entre le plat de la main qui frappe et le rond de l’autre est bon, de l’air sous pression va être emprisonné entre la paume de la main et la feuille. Celle-ci explosera avec un bruit très bref.

L’autre méthode plus élaborée est l’obstruction d’un tube de Frêne ou de Sureau par un bouchon de dimension un peu supérieure au diamètre intérieur du tube de telle sorte qu’il exerce une certaine pression.Puis introduire à l’autre extrémité du tube un piston. Pousser
d’un coup violent.Soit le tube explose sous la pression, soit le bouchon est éjecté. Dans les deux cas, cela produit un bruitage.

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Bruiteur

Bruiteur : Le bruiteur est la personne responsable de produire les bruits, bruitages ou effets sonores après le tournage et le montage d’un film. On appelle son métier le bruitage, c’est un des métiers du son du cinéma.

L’un des plus célèbres bruiteurs américains s’appelle Jack Foley. D’autres comme Frank Serafine, Mike Mc Donough ou Alan Howarth ont également grandement participé au développement des techniques de bruitage.

Séance de bruitage

Un bruiteur réalisant un bruitage de pas.

Les instruments bruiteurs 1

Les instruments « bruiteurs » sont tous ces petits bricolages qui ne produisent pas une note précise, mais un son original, qui peut-être une imitation de cri d’animal, de chant d’oiseau, voire même un son qui ne ressemble à rien.

La crécelle de Cardère :

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Choisir une cardère qui présente des « branches » qui partent bien perpendiculairement du « tronc ». Couper sous le nœud, couper le tronc à 5 cm au dessus du nœud, et les branches à 10 cm au dessus. Disposer, piquée sur une épingle, une branche de cardère horizontale au sommet du moignon de tronc.

Tenir entre les mains sous le noeud et faire tourner dans un sens et dans l’autre,  pour que la branche mobile vienne frapper alternativement et très rapidement les deux branches.

Il est possible de perfectionner le système en gardant plusieurs noeuds et en montant plusieurs fois le même système sur le même instrument.